Il a été entrepris une réforme globale du système éducatif. Cette réforme s’inscrit parmi la série de réformes que le Président Abdelaziz BOUTEFLIKA a mises en chantier. La Commission de Nationale de Réforme du système éducatif a été installée le 13 mai 2000 par le Président de la République lors d’une cérémonie solennelle où ont été conviés les présidents des institutions nationales, des chefs de partis politiques, les représentants de la société civile et du mouvement associatif ainsi que des syndicats. La commission était chargée de procéder, sur la base de critères scientifiques et pédagogiques, à une évaluation du système éducatif en place en vue d’établir un diagnostic qualifié, objectif et exhaustif de tous les éléments constitutifs du système d’éducation, de formation professionnelle et d’enseignement supérieur, et d’étudier, en fonction de cette évaluation, une refonte totale et complète du système éducatif. La commission a donc été chargée de proposer un projet définissant les éléments constitutifs d’une nouvelle politique éducative comportant, notamment, une proposition de schéma directeur portant d’une part, sur les principes généraux, les objectifs, les stratégies et les échéanciers de mise en œuvre graduelle de la nouvelle politique éducative, et, d’autre part, sur l’organisation et l’articulation des sous-systèmes ainsi que l’évaluation des moyens humains, financiers et matériels à mettre en place.
LES GRANDS POLES DE LA REFORME
La réforme du système éducatif consiste à mettre en œuvre une série de mesures qui s’articulent autour de trois grands pôles, à savoir l’amélioration de la qualification de l’encadrement, la refonte de la pédagogie et la réorganisation générale du système éducatif.
Concernant le premier pôle, il s’agit d’améliorer de façon significative les conditions de formation et de perfectionnement des enseignants en vue d’en faire une véritable pépinière de formation de la future élite du corps enseignant.
Le deuxième pôle de la réforme consiste à mettre en place un processus de refonte de la pédagogie et de réhabilitation des champs disciplinaires. Ce processus vise pour l’essentiel à :
– renforcer l’enseignement de la langue arabe, langue nationale et officielle, en mobilisant les moyens nécessaires pour en faire un instrument efficace d’enseignement dans toutes les disciplines ;
– œuvrer à réunir les conditions et moyens nécessaires pour répondre à la demande d’enseignement de tamazight, langue nationale, dans ses variantes linguistiques ;
– adapter les contenus d’enseignement de l’éducation islamique et de l’éducation civique et morale à l’âge et au développement intellectuel et psychologique des élèves. L’éducation islamique et l’éducation civique et morale doivent préparer nos enfants à l’apprentissage et l’observance des principes moraux et religieux dans le cadre des valeurs civilisationnelles du peuple algérien ainsi qu’à l’exercice de la citoyenneté;
– organiser, selon une méthode progressive, scientifique et expérimentale, l’ouverture sur les langues étrangères dans l’enseignement fondamental afin de permettre l’accès direct aux connaissances et savoirs universels. A cet effet, il s’agit :
- de continuer à assurer l’enseignement de deux langues étrangères, le français et l’anglais, dans l’enseignement fondamental en prévoyant une introduction plus précoce par rapport à la situation actuelle, compte tenu des moyens disponibles et ceux mobilisables ;
- d’introduire et développer une troisième langue étrangère optionnelle dans les filières littéraires de l’enseignement secondaire.
– réhabiliter l’enseignement de l’histoire et de la philosophie en tant que disciplines majeures ;
– réhabiliter les filières d’excellence de « philosophie », « mathématiques » et « technique mathématique » disparues depuis le début des années 90 ;
– introduire les technologies de l’information et de la communication dans le système éducatif en vue de faciliter l’accès du pays à la société de l’information et à la civilisation scientifique et technique dans le cadre de la mondialisation ;
– réhabiliter l’éducation physique et sportive à tous les niveaux et promouvoir l’éducation artistique;
– utiliser les symboles scientifiques universels et introduire des notions de terminologie dans les manuels scientifiques et techniques ;
– mettre au point et déployer une stratégie rénovée d’alphabétisation des adultes et de réhabilitation de l’école du travail en faveur de tous ceux qui désirent améliorer leur niveau et leur statut socioprofessionnel.
Le troisième grand pôle de la réforme concerne la réorganisation du système éducatif. Cette réorganisation se fera par étapes.
L’année 2002/2003 a été consacrée à la mise en place du dispositif juridique nécessaire pour encadrer l’ouverture des établissements privés d’enseignement, dans le respect des programmes nationaux, et le développement de l’éducation préscolaire.
En 2003/2004, a été amorcée la mise en place de l’enseignement moyen de 4 ans qui a remplacé progressivement le 3ème cycle de l’enseignement fondamental de 3 ans. Cet allongement a eu une implication sur la durée de l’enseignement primaire qui a été réduit à 5 ans..
En 2004/2005, la mise en place de la nouvelle organisation de l’enseignement post-obligatoire a été entamée. La réorganisation de ce cycle est justifiée par l’incohérence et l’irrationalité de son fonctionnement.
La nouvelle organisation de l’enseignement post-obligatoire est articulée autour de trois segments :
– l’enseignement secondaire général et technologique qui prépare à l’accès à l’enseignement supérieur ;
– la formation professionnelle qui a été recentrée sur sa fonction originelle qui consiste à répondre à la demande économique en préparant à l’exercice d’un métier.
Enfin, en vue de contribuer à assurer le succès de la réforme et accroître les performances du système éducatif, deux institutions d’appui au système éducatif doivent être créées. La première est une institution de concertation, le conseil national de l’éducation et de la formation qui permettra à tous les acteurs concernés de s’exprimer et de débattre sur les questions éducatives. La deuxième est une institution de régulation, l’observatoire national de l’éducation et de la formation, institution d’expertise, d’évaluation et de prospective éducatives en vue d’accroître la capacité d’analyse et de mesure des performances du système éducatif, en comparaison avec les normes internationales.